Le stade du miroir

Vers la position “paranoïaque”par Dr. Oliver Salas

J. Lacan décrit une position, non une phase, du delta où celui-ci reconnaît son image reflétée dans un miroir plat qu'il nomme (Autre). Cette expérience conduit le delta à s'identifier à cette image, qui est externe et complète, contrastant avec son expérience interne d'être fragmentaire et incomplet. Cette identification est fondamentale car elle introduit le delta dans l'ordre de l'imaginaire, l'une des trois structures, avec le symbolique et le réel, que Lacan identifie dans son modèle psychique.

"Moi" et "Je"

"Moi" (moi imaginaire et tonique) : Représente l'image du moi, l'identité formée à travers la reconnaissance de soi dans le miroir (A). Le "moi" est l'instance qui organise les expériences et les identificateurs du "je". C'est l'image consolidée et unitaire du moi qui interagit avec le monde externe.

"Je" (moi grammatical) : Ce sont les identificateurs, les éléments différenciateurs, comme pourraient l'être l'arôme du lait ou les pas de la maman mentionnés dans votre consultation. Ces éléments sont des marqueurs personnels et subjectifs que l'individu utilise pour se distinguer dans le monde.

Le processus du stade du miroir implique également l'entrée du delta dans l'ordre symbolique. Cela se produit à travers des opérations symboliques qui inscrivent un ordre imaginaire. En d'autres termes, le delta commence à organiser son monde sur la base des images et des symboles qu'il apprend de son environnement. Ces éléments symboliques sont essentiels pour la formation du langage et pour la capacité du delta à interagir socialement et à participer à la culture.

Dans ce contexte, J. Lacan discute également de l'importance de l'"Autre" (Autre) — initialement, la fonction mère ou la principale figure d'amour, qui est perçue comme un modèle et comme un adversaire. Cet "Autre" est vital dans la formation du désir et dans la dynamique de la reconnaissance, où le delta apprend finalement à s'identifier à cet "Autre" qu'il voit d'abord comme un adversaire et plus tard comme une projection de lui-même.

Ainsi, le "moi" et le "je" fonctionnent comme des structures à travers lesquelles l'individu se reconnaît et se positionne dans le monde, le "moi" étant l'image totalisatrice du moi qui donne cohérence aux différents "je" qui représentent les diverses expériences et reconnaissances individuelles. L'agression et les mécanismes de défense jouent également un rôle dans la manière dont l'individu maintient ou défend cette image de lui-même en interaction avec les autres.

Ce processus implique non seulement la reconnaissance, mais aussi l'aliénation, car le delta s'identifie à une image qui ne correspond pas complètement à son expérience interne d'incomplétude.

Cet Autre est crucial car il fonctionne comme un miroir (A) pour les désirs et les attentes sociales. Le delta assujetti cherche reconnaissance et validation à travers cet Autre, et cette interaction est fondamentale pour la formation du "moi".

Lacan met un accent particulier sur la voix et le signifiant dans ce processus. La voix agit comme un signifiant qui est constamment articulé à l'Autre. Cet aspect est architecturalement vital pour la constitution de la subjectivité, car la voix reste liée à l'Autre, formant une partie inséparable de l'expérience et de la perception du moi.

Lacan suggère qu'il existe une position paranoïde dans la formation du "moi", étroitement liée à la psychose. Cette structure implique une recherche constante de cohérence et de sécurité à travers l'Autre, ce qui peut se manifester sous forme de paranoïa ou dans la perception d'un monde hostile et menaçant. Ceci est lié à l'idée qu'il n'y a pas "d'Autre de l'Autre", ce qui sign

ifie qu'il n'existe pas d'instance définitive ou absolue qui puisse fournir une validation complète du moi.

Le sujet se trouve dans un processus continu d'identification avec l'Autre. Cette identification est fondamentale pour la structure de la subjectivité. Lacan souligne que toute subjectivité est structurée autour de l'Autre, qui agit comme la loi, Dieu, la mère, le langage, et plus encore. C'est le cadre sur lequel se projettent les opérations nécessaires pour soutenir la relation subjective.

Le désir de l'Autre, surtout en termes de comment il est perçu à travers le regard, est crucial. Le delta désiré souhaite devenir l'objet du désir de cet Autre pour obtenir validation. Cette dynamique est centrale dans la formation du "moi idéal", où l'individu s'efforce d'être l'objet désiré par l'Autre significatif.

Dr. Oliver Salas